Un peu d'histoire !
Le travail du fer est resté rudimentaire et limité jusque vers le XIIe siècle, les peuplades et sociétés d'alors vivant repliées sur une vie antarcique en proie aux craintes multiples, religion fortement mystifiée, guerres provoquant pillages et famines, sclérosant l'artisanat et la créativité populaire.
A partir de cette période, l'essor des constructions médiévales, cathédrales et forteresses,va amorcer une évolution qui sera constante. On assistera vers le XVe siècle à un tournant culturel décisif dans toute l'Europe grâce à l'invention de l'imprimerie permettant la diffusion du savoir. Les moines, jusque-là détenteurs des techniques du travail du fer, n'avaient quasiment pas écrit sur ce sujet.
Alors que les métiers du bois et de la pierre disposaient à profusion de leur matière première depuis toujours et avaient atteint une maturité dans la technique et l'outillage, ce n'était pas le cas des fêvres grossiers et serruriers qui travaillaient une matière rare et sans doute très onéreuse par rapport au bois et la pierre. De ce fait, la pratique du fer forgé n'a réellement été vulgarisée que lorsque la production du fer se fût suffisamment développée au haut moyen âge, la période féodale ayant peut être même vu un recul de cet artisanat par rapport à la période gallo-romaine. On sait en effet le niveau élevé atteint par le ferronnerie antique.
Le fer forgé parviendra, entre les XVe et XVIIe siècles à sa véritable maturité, pour connaître son apogée au XVIIIe siècle, qui réunira à la fois la disposition de la matière, l'inspiration créative et la maîtrise parfaite des techniques transmises et enrichies depuis les premières confréries du XIV e siécle jusqu'aux compagnons du devoir. Ce sera aussi, pour la fèvrerie et la serrurerie, le siécle des lumières.
L'art du forgeage repose essentiellement sur le corroyage, c'est-à-dire la déformation et le modelage à chaud du fer
sans enlèvement de matière, contrairement aux autres techniques d'usinage permettant de découper une pièce ou de la réduire
par limage.
Le croquis 1 repésente une pièce usinée dont les fibres du fer sont sectionnées et discontinues alors que le croquis 2 schématise la même pièce, cette fois forgée, dont les qualités mécaniques de celle-ci seront très supérieures à celles de la première. Notons l'analogie avec le bois, préféré fendu plutôt que scié par le charpentier pour ses voliges à lauzes ou par le tonnelier pour ses douelles.
L'art de la forge est avant tout celui du feu, que le forgeron devait dominer pour transmettre aussi précisément que possible la chaleur à la matière. Il savait, de par une longue expérience, mener le feu aussi précisément que possible en fonction des fers à chauffer. Le type de charbon était primordial, l'essence du bois influençait la transmission de la chaleur ainsi que la répartition du charbon frais, encrassant plus vite le fer, et celui déjà calciné chauffant moins mais plus propre. L'oeil de l'artisan était son "thermomètre", aussi la forge devait toujours être disposée dans un endroit sombre pour apprécier toutes les nuances des couleurs allant du rouge cerise au blanc vif. La maitrise du foyer passe par celle de l'air et donc du soufflet, son mouvement -ou respiration- était transmis par une perche pivotant à la fois verticalement et latéralement au bout de laquelle pendait une chaîne, permettant au forgeron de donner de l'air aussi finement que possible en gardant l'oeil au dessus du feu. L'eau n'est pas ici l'ennemi du feu, l'humectation du charbon à l'aide d'un goupillon (chanvre cru, roseau fin, ajonc ou fil de fer bottelé au bout d'une tige ou d'un manche) facilitait la montée du feu en collant la poussière charbonnière et pouvait le cas échéant apaiser le feu trop violent.
Dés le début XIXe siècle, la mécanisation des souffleries, à vapeur ou électrique et l'utilisation du charbon de terre ont réduit quelque peu l'importance de la maîtrise du feu de forge par les artisans. Parallèlement la qualité du fer changeait et s'uniformisait, et les techniques évoluaient tout en réclamant moins de rigueur dans la conduite du feu.
Avec L'aimable autorisation de Monsieur André MERCUZOT auteur du livre:
Fer Forgé
HISTOIRE,PRATIQUE,OBJETS ET CHEFS-D'OEUVRES
Pour ceux qui souhaite acquérir le livre écrire à: andre.mercuzot@wanadoo.fr
Mr MERCUZOT se fera un plaisir de vous le dédicacé
